“Mon travail est un hymne qui appelle à se libérer” : entretien avec Mx Fit, danseur et artiste

par marion watier
Photo de MxFit

A l’occasion de la sortie du film Where Love Lives qui célèbre la scène clubbing et son inconditionnelle tolérance, nous nous sommes entretenus avec The Mx Fit, un membre phare du collectif Glitterbox. Présent dans le documentaire, c’est un parisien devenu londonien dans l’âme après avoir déménagé à Londres. Un changement qui lui permet de totalement s’épanouir, et de devenir un artiste aux multiples facettes et aux performances percutantes.

⇓ ENGLISH VERSION BELOW ⇓

Electro News : Salut, The Mx Fit ! Merci de nous accorder cet entretien. Tout d’abord peux-tu te présenter et nous expliquer en quoi consistent ton art et ton travail ? 

Mx Fit : Je m’appelle Mx Fit – ça se prononce “Misfit”. C’est un mot anglais qui signifie que je ne peux pas être rangé dans une boite, ou bien catégorisé. Je suis un artiste qui touche à tout : je suis à la fois styliste, danseur, drag queen, cracheur de feu et apprenti directeur artistique. Avec mon art, je célèbre l’individualité. Mon travail est un hymne qui appelle à se libérer des genres, des codes et de l’inhibition qu’on associe souvent à la sexualité et la sensualité. C’est aussi une manière d’honorer tous les corps qui existent. Ce que je fais est souvent grandement influencé par mes origines afro-caribéennes (notamment dans la musique et la mode) mais aussi par des femmes fortes, et des performances marquantes. Ce que je propose résulte d’un mélange de talents, de styles et de genres. J’essaye aussi de retranscrire exactement ce qui se passe dans ma tête.

Pour toi, le changement a été drastique entre Paris et Londres. D’ailleurs, cela se ressent dans le film Where Love Lives. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton désir de quitter Paris et nous parler de ton adaptation ?

J’adore ces deux villes, mais à l’époque, je sentais que Paris représentait un danger pour moi. Je traversais une époque très sombre, je me faisais du mal, et je m’y sentais coincé. Donc quand mon partenaire de l’époque m’a dit qu’il souhaitait retourner au Royaume-Uni, je savais que c’était une opportunité de recommencer à zéro, loin de tout et de tout le monde. Déménager à Londres reste la meilleure décision que j’ai prise. Là-bas, je me suis véritablement découvert. Je pense que le manque d’espaces Queer à Paris a été l’une des raisons pour lesquelles je n’avais pas encore réussi à accepter qui j’étais. 

“Comme je l’ai toujours dit, je suis né physiquement à Paris et spirituellement à Londres.” nous confie Mx Fit

Tu as deux familles : celle de sang à Paris, et celle de cœur à Londres avec Glitterbox. Comment arrives-tu à concilier les deux? 

Maintenant que ma famille et moi avons repris contact, je leur fais doucement rencontrer ma famille de cœur. Elles ont toutes deux beaucoup eu d’impact sur mon développement. J’espère qu’un jour, je pourrai réunir tout le monde. 

The Mx Fit

The Mx Fit

Dans le film, Londres est décrit comme un endroit de partage, de découverte, de tolérance… Il semble que dans ton cas, tu y as réellement trouvé ta place, quitte à laisser ton pays derrière toi. Que penses-tu qu’il manque ici en France ? Qu’as t-on à envier à la capitale britannique? 

Le meilleur exemple reste le fait que l’on peut prendre les transports en commun en drag à Londres, mais pas à Paris. Il manque des espaces queer et inclusifs, dans lesquels des personnes cisgenres et hétérosexuelles seront également les bienvenues – pour qu’elles puissent apprendre et s’éduquer, nous devons leur ouvrir notre monde, dans le respect. La promotion et la popularisation de la culture queer à Paris pourraient aider à changer les mentalités, et donner aux personnes queer l’opportunité de baisser leur garde, d’explorer, de s’exprimer, et de se découvrir… J’aimerais énormément créer des espaces “safe” pour les communautés LGBTQA+ et les personnes de couleur à Paris.

Dans Where Love Lives, la scène club est célébrée comme un réel édifice de la culture LGBTQ+. Que représente-t-elle pour toi, aussi bien sur le plan artistique que personnel? 

C’est sur le dancefloor que j’ai rencontré ma famille de cœur. C’est également là que j’ai rencontré des personnes qui m’ont inspiré à faire une introspection, et à trouver les réponses auxquelles j’avais encore trop peur de répondre. Il peut se passer tellement de choses dans la scène club : on peut à la fois trouver des amis, l’amour, des âmes-sœurs et surtout, se trouver soi ! Il y a aussi une dimension de beauté qui émane du spectre de la queer culture, et c’est très inspirant. Voilà ce que ça m’évoque.

Le fait de danser et de pouvoir t’exprimer librement t’a réellement permis de t’épanouir. Comment vis tu cette période de vide causée par la pandémie?

Outre le fait de ne pas être capable de subvenir à mes besoins sur un plan financier, cette pandémie m’a donné l’opportunité de me reposer. Je comprends maintenant que ce n’est pas grave de ne rien faire parfois. J’ai eu le temps de me concentrer sur moi, de guérir, et de me préparer pour un retour fracassant ! Et oui, en effet, je n’ai pas pu m’exprimer comme je le faisais avant. Mais, en tant qu’artiste, ma créativité allait bien finir par sortir à un moment ou à un autre. Et c’est ce qu’il s’est passé.

Tu as dansé dans de nombreuses soirées Glitterbox à Ibiza. Ça doit être très sportif ! Une anecdote que tu pourrais nous raconter?

Des crampes, des orteils cassés, des bleus… Et la liste continue! Mais mon anecdote préférée, c’est la fois ou j’ai sauté dans la foule et qu’ils m’ont porté. Après tout, pourquoi pas ?!

 

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Merci The MxFit d’avoir répondu à nos questions ! Ça a été un plaisir d’en apprendre plus sur toi et ton travail. Bon courage pour la suite. 



[ENGLISH VERSION]

The premiere of Where Love Lives – a movie which celebrates the club culture and its unconditional tolerance – gave us the opportunity to interview the Mx Fit. Member of the Glitterbox collective, he’s portrayed in the documentary as the former parisian who is now living in London. A simple geographic change that has allowed him to thrive, and to become a well-rounded artist giving powerful performances…

EN : Hi, The MxFit ! Thanks for taking some time to answer our questions. First of all, could you tell us a bit about yourself, your art and your work? 

Mx Fit : My name is Mx Fit (pronounced Misfit). My name means that I can’t be labelled or put in a box. I’m a well-rounded artist: Fashion stylist, Dancer, Performer, Drag Queen, Fire Breather and Art Director in the making. My art is a celebration of Individuality, anthem to freedom from genders, codes and no inhibition regarding sexuality and sensuality. It’s also a celebration of all body types. My work is often highly influenced by my afro Caribbean roots (music, fashion…) by bwomxn and powerful performances. I’ll describe my work process as different skills, styles, genres who collide and trying to translate exactly what is happening in my head.

For you, the difference between Paris and London was quite drastic. As a matter of fact it shows in the movie. Could you tell us a bit more about what drove you to leave Paris and how you coped with your new environment?

I love both cities but at the time my life was in danger when I was in Paris. I was in a very dark place, I was self-harming and felt trapped so when my partner at the time told me he wanted to move back to the UK I knew this was my chance to start fresh away from everyone. Moving to London was the best decision I’ve made. I discovered myself more in London and I also believe the lack of Queer spaces in Paris was one of the reasons why I wasn’t able to come to terms with my identity before. Like I always say: I was physically born in Paris and mentally born in London.

You have two families : your blood family, in Paris, and your “adoptive” one in London. How do you manage to reconcile both ?

Now that i’ve reconnected with my blood family, I’m slowly introducing them to my chosen family and hoping to get everyone together one day. They both contributed a lot in my growth.

Throughout the movie, London is portrayed as a place where everyone shares and discovers. There is also a great place given to tolerance. It looks like you’ve really found your place, even if it meant leaving your home country. What do you think there is a lack of in Paris ? What should we learn from London ?

The perfect example is the fact that you can take public transport in Drag in London but can’t in Paris. We’re lacking queer spaces/inclusive spaces where cis/straight people are also welcome (in order for them to learn and be educated we have to open our world to them so they can experience it, respectfully obviously). Promoting queer culture in Paris and popularising it will help change mentalities and give queer people the opportunity to put they wall down, explore, express and discover themselves. I would love to create safe queer spaces in Paris for both LGBTQA+ and POC communities.

In Where Love Lives, the club scene is celebrated as a key pillar of the LGBTQ+ culture. What does it mean to you, as far as personal and artistic matters are concerned ?

It’s on the dance floor I met my chosen family. It’s also where I met people who inspired me to question myself and find the answers I was too afraid to find so far. Many things can happen in the club scene: finding friends, finding love, chosen ones and mostly finding yourself! Also witnessing the beauty that come from the spectrum of queer culture is very inspiring. This is what it means to me.

Dancing and expressing yourself freely has allowed you to thrive. How do you cope with the void left by the pandemic ?

Apart from not being able to financially provide for myself the pandemic gave me the opportunity to learn to chill, I understand now that it’s okay to sometime not do too much. It gave me the time I needed to focus on myself, heal and prepare myself for a big comeback! And yes! I wasn’t able to express myself like I used to but, as an artist, my creativity had to come out one way or the other. And it did.

You’ve danced for many Glitterbox parties in Ibiza. It must be really physical ! Do you have any anecdotes to tell us about that ?

Muscle spasms, broken toes, bruises… the list goes on, but my favourite anecdote was the time I jumped and did a crowd surf because why not?!

 

Thank you for taking the time to answer our questions. We loved learning about what you do ! We wish you the best !

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