“Qui l’eût cru, mais nous y voilà: nous avons 25 ans” , déclarait non sans émotion Eddy Pierres, directeur et co-fondateur de l’association WART, à l’origine du festival Panoramas. Après deux ans de restrictions, c’est bien 22 000 festivaliers surexcités qui se sont réunis pour faire trembler la petite ville de Morlaix, du 14 au 17 avril 2022. Petit panorama de l’un des plus gros festival électronique du Grand Ouest…
Du soleil pour les 25 ans de Pano
La modeste gare de Morlaix, réputée pour accueillir les festivaliers du Panoramas, est restée longtemps bien vide depuis la pandémie. Mais le jeudi 14 avril, les quais se sont soudainement remplis d’étranges créatures colorées assoiffées de techno. Comme par magie, le ciel du Finistère s’est teinté d’un bleu puissant sans nuage, illuminant de mille feux les voiliers du port de la petite ville bretonne. Alors que déjà certains entament sereinement leur premier apéro au bord de l’eau, les autres se dirigent d’un pas décidé vers les navettes du festival.
Il faut dire qu’avec une programmation aussi riche, mieux vaut arriver en avance si on ne veut pas en perdre une miette. D’autant qu’il est difficile de quitter l’espace camping tant ce dernier se confond avec l’ambiance du festival: stands de jeux, foodtrucks et bar à bière étaient installés. Sans compter la scène gérée par le collectif parisien de La Darude, accompagné de la DJ morlaisienne Lori Booster.
On aurait presqu’envie de passer les quatre jours là, à alterner molki, bronzette et gros boum boum la tête dans les caissons. Surtout qu’il faut bien vingt minutes de marche (sobre) pour atteindre le site depuis le camping en comptant les fouilles et les vérifications de pass… Mais ce serait faire outrage à l’incroyable Parc des Expositions du site de Langlovas et ses trois immenses scènes (le Grand Hall, la salle Sésame, et le Chapiteau) réparties sur 5 hectares de terrain.
Alors on enfile ses claquettes, son bob, ses bouchons d’oreilles, et en route pour le pèlerinage!
Un festival pour tous les goûts
Le terme est d’autant plus approprié que de nombreux teufeurs déguisés en moines et nonnes ont croisé notre route sur le chemin qui mène à l’Eldorado. Arrivé sur place, la queue est déjà longue pour charger son bracelet cashless. Heureusement, 550 bénévoles sont présents pour remonter les moral des troupes, avec la promesse d’une pinte savoureuse.
Le soleil n’est même pas couché que la voix suave de la chanteuse pop trash Kalika se fait déjà entendre depuis la grande scène (Grand Hall). Ceux qui sont venus pour entendre du clash attendent patiemment O.Boy alias le roi du mumbe rap, tandis que les amateurs de techno se précipitent vers l’étoile montante Romane Santarelli, qui enflamme la plus petite scène Sésame!
“C’est qui?” entend-t-on crier dans la foule. Les festivaliers sont loin d’être tous arrivés, le sol est encore propre, et pourtant, la jeune artiste française attire la curiosité du public avec son très déroutant “Super Solar System”.
Une petite pause s’impose ensuite car il va falloir choisir entre la psytrance de Graviity sous le Chapiteau, et le live de Vitalic dans le grand Hall. Ce dernier fait l’unanimité auprès des friands de techno: les corps se délient, les voix s’élèvent et le sol commence à trembler sous les pas énergiques des festivaliers. A 23h30, les oreilles en demandent encore. En même temps, avec un système son pareil, difficile de quitter les lieux… Heureusement il est encore temps de se diriger vers le set de Phil et Derek, fondateur d’un média mettant en ligne des lives électro uniques, sur la petite scène du Sésame.
Certains avoueront d’ailleurs avoir passé la quasi entièreté de leur soirée dans cette salle intimiste, auprès de Carlita et DJ Tennis. Sans doutes le cadre était-il plus propice aux rencontres et aux danses exaltées? Une chose est certaine en tout cas: les teufeurs bretons ont foncé sans réfléchir sous le Chapiteau pour profiter de la terrible hardcore de Billx et Hysta, histoire de ne pas être trop dépaysé…
Musique non-stop, dans un cadre bucolique
Le site a beau fermer ses portes à 5h le samedi matin, cela n’empêchera pas les plus téméraires de poursuivre les festivités sur les scènes des parkings! Un savoureux soleil d’été commence à pointer son nez: on commence à distinguer le visage zombifié des teufeurs, tous regroupés autour des caissons. Certains ont remplacé le café par de douteux breuvages; d’autres envisagent leur petit déjeuner comme une renaissance.
Au coin douche, ça se partage les lotions hydratantes, le savon, le déo, avec l’espoir d’effacer les traces laissées par les excès de la veille. On aperçoit aussi des petites scènes improvisées par des festivaliers, où l’on peut se dégourdir les pattes sur une agréable house maison! Non loin de là, de vieux camtareux jouent au molky ou au palais. Les aventuriers ont quant à eux pris leur sac à dos pour se lancer dans des balades en forêt, ou pour retrouver le calme de Morlaix.
Mais il est déjà 17h, et la tempête va bientôt reprendre. Alors que le rap contest organisé par Panoramas donne l’opportunité à des artistes amateurs comme Lowdy Williams de s’afficher sous le Chapiteau, la fameuse équipe de Salut C’est Cool chauffe la grande salle en invitant le public sur scène pour danser. C’est là également que se tiendront, quelques heures plus tard, les grandes têtes d’affiche comme Ascendant Vierge, Vladimir Cauchemar, NTO, Trym ou encore Boris Brejcha, qui fera l’objet d’une magnifique fresque par les graffeurs Akhine et Zag.
Mais pour les habitués du Pano, direction Acid Arab dans la petite Sésame, pour se perdre dans les fins fonds de l’Orient. Les fans sont au premier rang, les yeux fermés, et tanguent au rythme des chameaux du désert! D’aucuns comptent bien occuper l’espace à l’arrière, tout au fond. On en voit même qui dansent un rock expérimental…
La dernière ligne droite, avant… la prochaine édition!
Si le dimanche compte moins de danseurs, en raison d’une programmation restreinte à la salle de spectacle du SEW, beaucoup seront tout de même restés pour la voix envoûtante de Zaho de Sagazan, ou bien encore la puissante techno d’Irène Dresel et l’électro de Yuksek. Petit passage obligé au stand des objets trouvés, avant de plier en huit (ou quatre selon la motivation) sa tente deux secondes qui se range en deux heures… Et c’est déjà le moment de dire aurevoir. Ou plutôt à l’année prochaine. Merci Pano!
Crédit cover : Lila Azeu.