Julien Stifler : le DJ en lutte pour la techno dans le Sud face à des institutions réticentes

par Manon Roussel
Julien Stifler, l'activiste du Sud

Véritable activiste de la scène techno du Sud, Julien Stifler a répondu à quelques questions sur son quotidien entre DJing, production et gestion d’une pizzeria.

Bonjour Julien ! Peux-tu te présenter et présenter ta musique en quelques mots ? 

Je suis un grand passionné de musique électronique depuis toujours, et en particulier de la hard music.

Ton nom de scène est Julien Stifler, est-ce un clin d’œil au personnage des films American Pie ? Est-ce que tu t’identifies à lui ? 

C’est un surnom qui me suit depuis le collège, mais non je ne m’identifie pas à lui.

Tu as longtemps mixé sur vinyle – un exercice que tu réalises toujours – avant de te mettre à la composition. Qu’est-ce qui t’a incité à franchir le cap ? 

Un ami à moi m’y a donné goût. Je n’y trouvais aucun intérêt au départ, mais aujourd’hui tout a changé. Je prends autant de plaisir en studio qu’en DJ set, c’est totalement dingue.

Julien Stifler à Techno Tronik

Julien Stifler à Techno Tronik

Parmi tes inspirations, tu cites Richie Hawtin, Angerfist ou Laurent Garnier, qui ont des styles très différents. Comment arrives tu à concilier ces sonorités ? 

J’ai commencé dès l’âge de 10 ans en écoutant Angerfist grâce à un cousin plus âgé que moi qui vivait sur Paris. Il m’a également donné goût au hardstyle. Mes premiers vinyles étaient uniquement dans ce style.

Ensuite ma première discothèque techno a été le Spartacus à l’âge de 16 ans, et là ça a été le coup de foudre instantané avec la techno. Quelques mois plus tard, je mettais pour la première fois les pieds la Villa Rouge à Montpellier, et un an plus tard j’y jouais. Cette discothèque a changé ma vie. A ce moment-là j’ai commencé à m’intéresser aux têtes d’affiche de l’époque dont Laurent Garnier faisait parti. Je pense que si cet homme n’avait pas été là, le mouvement n’aurait pas avancé comme il l’a fait. J’éprouve énormément de respect pour lui pas seulement pour ses œuvres mais aussi pour son engagement sans faille depuis des décennies.

Concernant Richie Hawtin, c’est tout autre chose. Il représente pour moi la techno par excellence. Je l’ai vu pour la dernière fois au Spartacus en 2017 où il m’a littéralement choqué. Concentration extrême, très peu de regard dans le public, bpm assez élevé avec une techno limite indus, on sentait qu’il n’était pas là pour rigoler.

Tu as sorti un clip très cinématique il y a quelques semaines, qui n’est pas sans rappeler l’univers des Peaky Blinders. Est-ce que pour toi le visuel est indissociable de la musique ? 

Je pense que les deux sont dissociables, mais je trouve que c’est bien plus agréable lorsqu’on les associe.

Le festival Techno Tronik © S. Miclo

Le festival Techno Tronik © S. Miclo

Il y a une quinzaine d’années, tu as fait naître le festival Techno Tronik dans ta ville de toujours : Salon-de-Provence. Quel était l’objectif de départ en créant cet événement ? 

La techno n’était pas représentée à Salon-de-Provence. C’était notre passion avec l’équipe, donc on s’est lancés en indépendants.

Aujourd’hui la mairie vous complique la tâche sur l’organisation d’événements, qu’aimerais tu dire aux institutions qui ont une mauvaise opinion des musiques électroniques ? 

Grâce à Dieu, ce genre de politique n’est pas une généralité ! Notre musique fait partie du patrimoine français. Nos artistes sont reconnus dans le monde entier. Nous avons un savoir-faire énorme en matière de musique électronique et d’organisation d’événements. Le ministère de la Culture devrait sanctionner certains agissements et encourager les collectifs indépendants.

Si le débat reste aussi stérile que présentement avec la ville de Salon-de-Provence, comment envisages tu l’avenir de tes projets musicaux ?

Avec Techno Tronik, nous réfléchissons autrement quant à notre avenir au vu de la relation que la mairie de Salon-de-Provence a créée avec nous. Nous pensons partir pour organiser notre festival ailleurs. Nous avons tout de même fait une demande pour proposer aux Salonais notre festival l’année prochaine, à l’occasion de nos quinze ans. Mais nous sommes plutôt pessimistes quant à une éventuelle acceptation.

Tu fais d’ailleurs de la “résistance” en concevant des soirées techno directement sur la terrasse de ta pizzeria, comment arrives tu à jongler entre tes métiers de pizzaïolo, gérant, organisateur d’événements et musicien ? 

C’est très compliqué, je suis en plein tournant. Je songe à vendre mon établissement pour me consacrer à 100% à la seule chose qui m’anime : la techno.

Quels sont tes projets à venir pour la fin de l’année ? 

Plusieurs collaborations devraient voir le jour, plusieurs EP, des dates et l’organisation des 15 ans de Techno Tronik.

Merci pour tes réponses ! 

Pour écouter la musique de Julien Stifler, c’est par ici.

 


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