“La french touch a reçu un tel engouement”, Étienne de Crécy raconte les débuts du mouvement électro

par Manon Roussel
Le producteur Étienne de Crécy

Étienne de Crécy, le pionnier de la french touch, sera présent le 27 janvier pour le festival des 15 ans d’Electro News. Il a répondu à quelques questions sur son parcours à cette occasion. 

Bonjour Étienne ! Commençons par un petit retour dans le passé : ton père était ingénieur et ta mère bibliothécaire, pourtant toi et ta fratrie vous êtes destinés à des métiers artistiques. Est-ce que l’art et la musique étaient déjà des choses présentes dans ton enfance ? 

Bonjour ! Mes parents étaient très progressistes à leur l’époque, et ils nous ont (mes frères, sœurs et moi même) toujours suggéré de faire ce qui nous intéressait le plus. La voie a été ouverte par mon grand frère, Nicolas, qui s’est lancé dans une carrière d’auteur de bande dessiné avec succès, ce qui n’avait rien d’évident. Ça m’a donné confiance.

Le disque “Pansoul”, que tu as sorti avec Philippe Zdar sous le projet Motorbass, est considéré comme précurseur de la french touch. Comment en êtes-vous arrivés à ces sonorités novatrices à l’époque ? 

La techno des années 90 était très “machines”,  c’est à dire synthés et boîtes à rythme. Nous travaillions aussi avec des producteurs de hip hop (Jimmmy Jay, Boombass, …) qui utilisaient des samples. L’idée nous est alors venue de faire de la techno avec des samples ! On s’est rendus compte que cette musique devenait plus accessible aux personnes qui n’étaient jamais allées dans une rave, et pour qui la techno était un peu trop abstraite.

Étienne de Crécy en live © Mathias Leone

Étienne de Crécy en live © Mathias Leone

Quelle est ta définition personnelle de la french touch ? 

C’est une notion d’histoire géo ! C’est la musique électronique faite en France dans les années 90.
Mais ce n’est pas un style particulier, entre Ark, DJ Gilbert, Air et Bob Sinclar, il n’y a pas d’unité de style.

Près de trente ans plus tard, c’est un style reconnu dans le monde entier et qui continue de se développer. Vous attendiez vous à avoir un tel impact ?

Bien sûr que non ! Nous étions un tout petit nombre de passionnés de techno, nous avions déjà la conscience que le mouvement était international car les maxi arrivaient de partout, mais à aucun moment on imaginait un tel take over* !

On sent une forte inspiration de l’univers technologique/d’internet dans tes projets, pour toi est-ce que les musiques électroniques et le futurisme vont de pair?

Oui, j’aime bien la science fiction, et dans tous les films jusqu’aux années 90, la musique n’était pas à la hauteur des univers qui y étaient représentés. C’était pas futuriste du tout !
Lors de ma première rave, je me suis senti projeté dans le futur avec une force incroyable ! C’est une musique de DJ, donc on recherche la nouveauté tout le temps !

Affiche des 15 ans d'Electro News

Affiche des 15 ans d’Electro News

La question de l’image, des réseaux sociaux et de l’identité visuelle est d’ailleurs de plus en plus présente chez les artistes aujourd’hui, penses tu que cela devient un élément incontournable dans le développement d’une carrière ? 

L’image a TOUJOURS été importante dans le développement d’une carrière. On adhère à l’univers d’un artiste, pas seulement à sa musique. J’ai découvert énormément de musique en achetant des disques parce que la pochette me plaisait. Il y a peu de mauvais disques dans un bel artwork** ! Les réseaux sociaux changent cependant la donne, car il en va de l’intimité des artistes.

Tu fais partie de ces DJ connus du grand public français, même des personnes n’étant pas spécialement friandes de musique électronique à la base. Comment vis-tu ce rôle d’ambassadeur ? 

Je ne le vis pas. Je ne suis pas reconnu dans la rue, ni même parfois dans les soirées où je joue ! L’idée d’avoir un statut ne me plaît pas tellement, je préfère devoir continuer à convaincre.

On a ouï dire que tu travaillais sur un nouvel album pour 2024, avec plusieurs collaborations au programme. Peux-tu nous en dire plus ? 

C’est un album qui va plus ressembler à Tempovision, mon 2ème album. J’ai effectivement travaillé avec des featuring vocaux sur chacun des morceaux.

Le 27 janvier tu vas notamment jouer aux côtés des membres de l’écurie Ed Banger, qui est également un pilier de la french touch. Cette soirée va-t-elle avoir des airs de fenêtre sur les premières heures du genre ? 

Je joue surtout des nouveautés ! je pense que c’est pareil pour les autres artistes.

Un petit mot pour l’anniversaire d’Electro News ? 

Bon anniversaire !!!

Pour plus d’informations, rendez-vous sur l’évènement Facebook des 15 ans d’Electro News et sur la billetterie.

 


*take over = engouement

**artwork = graphisme

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