Skovrann et Nazar viennent de sortir un projet commun mêlant rap et techno : “Les Étoiles Pleurent”. Ils expliquent leur travail sur l’EP et le clip qui l’accompagne.
Bonjour Skovrann et Nazar ! Pouvez-vous commencer par nous dire comment vous vous êtes rencontrés ?
Skovrann : Bonjour, merci de nous interviewer. Nazar et moi nous sommes rencontrés il y a à peu près 5 ans, lors d’une soirée d’anniversaire. On se voyait qu’en soirée, et pendant l’une d’entre elles il m’a dit “Donne moi un an, et j’aurai des prods à te faire écouter pour qu’on puisse bosser ensemble.” J’étais hyper touché mais je ne l’ai pas cru. Et un an après, il m’a invité chez lui, et on a fait une première session mémorable.
Nazar : La connexion s’est directement faite avec une grande spontanéité. Depuis, on se considère comme les meilleurs amis du son.
De ton côté Skovrann, tu évolues dans le rap. Qu’est-ce que ce moyen d’expression signifie pour toi ?
S : Dans un premier temps, le rap servait à exprimer une recherche de soi. C’est ce courant qui m’a accompagné en grandissant. J’aime la transparence des rappeurs dans toutes ses formes : de la plus egotrip à la plus consciente, elles représentent pour moi ce qu’il y a de plus humain. J’ai très vite compris que je voulais un jour faire ressentir cette transparence aux autres. Et ce que j’ai découvert plus récemment, c’est que le rap peut s’adapter à tous les genres possibles. On peut rapper sur du jazz comme sur de la techno. C’est une musique qui offre une liberté folle à la créativité.
Et toi Nazar, c’est dans la musique électronique que tu t’épanouis. Quelles sont tes différentes inspirations ?
N : Cela fait plusieurs années maintenant que j’écoute de la musique électronique et que je produis dans différents styles : d’abord le hip hop avec Skovrann, puis la house dans mon EP “Osmosis”. Aujourd’hui, mes inspirations sont des artistes comme Rufus Du Sol, Monolink, Dixon, Trikk ou encore Stavroz. Je ne souhaite pas me bloquer dans un genre, j’aime autant écouter de la techno que de l’afro house ou encore de la minimal. Certains considèrent que ce n’est que du “boum boum” mais c’est pour moi un des styles les plus riches en termes d’émotions.
Vous venez de sortir un EP en commun : “Les Étoiles Pleurent”. Comment avez-vous réussi à faire fonctionner vos deux univers ensemble ?
S: On a toujours su collaborer ensemble car Nazar a produit la plupart de mes morceaux, mais un incident est venu tout chambouler.
N : Je me suis fait voler mon ordinateur et mon disque dur avec 2 ans de travail dedans. J’étais assez perdu après ça et lorsque je me suis remis à faire de la musique, j’ai cherché à me réinventer avec de nouveaux styles musicaux.
S : Pendant que Nazar se penchait sur l’électro, je terminais mon 1er EP rap, “Yavanna”. Après quoi j’avais besoin d’un nouveau souffle. Nazar a commencé à me diriger doucement vers ce nouveau style mais j’étais hyper réticent. Un jour on est allés à une soirée techno mélodique au T7 et j’ai passé la nuit à analyser les morceaux.
N : Je me souviens d’avoir vu Sko se prendre une claque lors de cette soirée. Il m’a envoyé une track dès le lendemain. Ça a donné “Larmes de Yavanna”, la deuxième piste de l’EP. Je pense que ce qui a fait fonctionner nos deux univers c’est surtout notre ouverture et notre compréhension musicale commune.
Le rap et la techno sont deux genres musicaux parmi les plus populaires ces temps ci, quels sont les points communs entre ces deux scènes selon vous ?
N : Aujourd’hui, tous les styles musicaux se mélangent et ça apporte une vraie nouveauté. Les samples vocaux sont souvent utilisés dans l’électro, mais de plus en plus d’artistes commencent à apporter des voix dans leurs productions. Pour moi, il n’y a pas vraiment de barrières entre l’électro et le rap, ce sont deux genres musicaux qui réunissent le monde entier.
S : Ce sont des courants libres et indépendants qui ont toujours été en marge de l’industrie musicale mais qui ont paradoxalement toujours dominé la scène et surtout le monde de la nuit. Le rap et la techno ont permis à des autodidactes de montrer leur talent sans avoir besoin de passer par des concours, des conservatoires ou des écoles. Et si ce sont des genres aussi populaires, c’est parce que le public en a décidé ainsi et non pas les maisons de disque.
En 2024, la concurrence est rude entre les réseaux sociaux, le matériel de plus en plus accessible, etc. Est-ce que c’est compliqué de se lancer dans la musique en tant que jeune artiste à notre époque ?
N : Honnêtement oui, nous sommes dans une époque où le marché est surchargé. Aujourd’hui on comprend bien que là où c’était une chance de pouvoir s’exposer sans passer par un label ou une radio grâce aux réseaux sociaux, c’est devenu un défi.
S : Et ça a empiré depuis le covid. Même en tant qu’auditeur, j’ai du mal à trouver ce qui me plaît aujourd’hui… et le problème c’est que les morceaux mis en avant ne seront pas forcément les meilleurs mais ceux avec une bonne stratégie commerciale ou une bonne idée TikTok. Même quand on se penche dessus, la question qui revient toujours c’est : “mon taf est de créer de la musique ou d’être tiktokeur ?”
Votre projet est imprégné d’une ambiance cinématographique, à l’image du clip “Les Étoiles Pleurent” qui peut faire penser à la saga “Dune” en version urbaine. Diriez vous que le cinéma est une source d’inspiration importante ?
S : Dune était l’une de nos inspirations principales, peut être qu’on n’a pas trop mal réussi notre pari ! Le cinéma est pour moi la source d’inspiration principale. Déjà, mon écriture est très visuelle, je mets toujours des images sur ce que je raconte. Et sur le plan musical, les musiques de film c’est peut être le genre que j’écoute le plus aujourd’hui. D’ailleurs, les structures de la techno et des musiques de films sont très proches !
N : Merci pour ce beau compliment ! Skovrann et moi même sommes de grands fans de cinéma. C’est pour moi l’un des arts les plus inspirants après la musique. Je pense qu’il est important d’apporter une ambiance particulière au projet, et cela s’appuie sur le visuel. On avait comme ambition de créer une atmosphère sombre et décalée, on est donc très contents du résultat.
Serez vous amené à collaborer de nouveau ensemble ? Sur scène peut-être, ou pour de nouvelles productions communes ?
S : Évidemment. Même si on sort des projets solos, il y aura plein de collaborations car on travaille beaucoup de morceaux ensemble. On pense même à une suite pour ce projet. On verra bien !
N : C’est une certitude ! Concernant les scènes, je prévois de jouer “Les Étoiles Pleurent” au festival Marvellous Island en mai 2024, ainsi qu’à un concert sur la plage de Trouville avec Skovrann le 20 Juillet.
Merci pour vos réponses !
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Pour écouter la musique de Skovrann & Nazar, c’est par ici.
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