[Interview] Rencontre avec Mathieu Fonsny, co-programmateur du mastodonte Dour Festival

par Hugo Audoyer

Du 10 au 14 Juillet prochain se tiendra la 31 ème édition du mythique festival belge, Dour. A cette occasion nous avons eu l’honneur de nous entretenir avec Mathieu Fonsny, co-programmateur de l’événement, essentiellement spécialisé dans les musiques électro et urbaines.

Le festival a fêté ses trente ans l’année dernière, une édition mémorable à tout les niveaux. Lorsque vient le moment de réfléchir à la programmation, y’a t-il une certaine pression, une envie de faire mieux ?

Oui, parce qu’on tire toujours les enseignements d’une édition pour essayer de l’améliorer. Que ce soit sur le fond comme la forme; c’est à dire améliorer notre manière de voir les choses, essayer toujours d’être en avance sur ce qui se fait. D’être à la pointe des nouveaux courants, des nouveaux styles, des nouveaux genres. Et à la fois on essaie d’améliorer la forme dans l’accueil des festivaliers, le confort, et l’amélioration des scènes.

Après avoir fait découvrir au plus grand nombre des artistes dont on parle énormément aujourd’hui, notamment Mount Kimbie ou encore Amelie Lens. As-tu des pépites pour cette édition ?

HAAi, qui cette année occupera le même créneau qu’Honey Dijon l’année dernière. Elle aura vraiment le rôle de vecteur entre house groovy et techno plus dure. Transition pas évidente, et c’est pour ça que je parle d’Honey Dijon, puisque l’année dernière nous avions vraiment pris un risque en la faisant jouer à cette heure là, et elle a réellement su capter le public. Denis Sulta, aussi, qui est en train de véritablement s’établir comme référence dans le milieu, même s’il y est depuis très longtemps. Dans les chouettes découvertes il y a également Park Hye Jin qui est une coréenne qui fait de la house et qui jouera le samedi dans le Labo, ça aussi c’est très groovy, très frais.

Artistiquement parlant, t’interdis-tu des choses ?

Non, mais il y a des choses qui naturellement ne s’imposent pas à nous. L’EDM par exemple, c’est pas notre truc. D’autres festivals le font très bien et nous on est jamais allés là dessus, on préfère se focaliser sur la Drum&Bass, le Gabber, et les choses plus dark, plus brutes, et mettre en avant des artistes comme Lenny Dee, SaSaSaS, I hate Models, ou encore Under Black Helmet.

Sur quelle configuration se trouvera le festival pour cette édition ? La même que l’année précédente ?

La disposition sera la même qu’en 2018, mais la Balzaal et le Dub corner seront inversés, par souci de visibilité et pour que la Balzaal soit plus facile d’accès, et directement dans l’axe d’entrée du festival, ce qui n’était pas le cas l’année précédente.
La caverne devient également la salle polyvalente. De base la scène était exclusivement métal, mais il était difficile pour nous de programmer quatre jours de métal en n’étant pas identifié comme un festival appartenant à ce genre là. On avait du mal à avoir les groupes, et le public métal ne venait pas à Dour et était exigeant. Du coup on canalise tout le samedi, et on change le nom, pour parler de polyvalence. Avec le jeudi plutôt une programmation hip-pop et urbaine avec Tommy Cash. Vendredi dub, et dimanche pop française.

Toi qui a vu l’univers musical / underground / techno / urbain évoluer en 30 ans, qu’as-tu pu observer par rapport au public et aux artistes ?

Les gens aiment toujours l’alternatif et l’underground. Les gens viennent de plus en plus nombreux. Chez nous I Hate Models c’est une tête d’affiche, et on l’a toujours programmé comme tel. Pareil pour Amelie Lens que l’on programme depuis ses débuts. C’est chouette de voir que la techno et le hip-pop sont le fil conducteur de Dour. Mais à côté de ça on garde de la musique indé, du reggae, et du métal. On est vraiment un festival mutli genre, et d’année en année on essaie de le mettre en avant par le biais des cultures underground et alternatives intéressantes. On aime se perdre dans des choses un peu folles. (rires)

As-tu des fiertés personnelles en termes de booking ?

Amelie (Lens, ndlr) c’est quelqu’un que je suis fier d’avoir. On se connaît depuis plus de dix ans, et on vient de s’en rendre compte car on a chacun des photos de l’autre qui datent de 2006 et on était déjà amis à cette époque. Quand elle organisait des soirées à ses débuts elle me bookait, et là on revient de Coachella aux Etats-Unis où elle nous a invité. Je suis content qu’elle nous fasse confiance depuis toutes ces années. Je suis fier aussi d’avoir Roméo Elvis, Damso, avec qui on avait déjà un show il y a deux ans. A côté de ça je suis content d’avoir Laurent Garnier. Globalement, je suis content de l’entièreté de l’affiche qui est parfaitement en équilibre et en adéquation avec ce qu’on avait envie d’exprimer.

Quelle est l’édition la plus mémorable selon toi ? Celle que tu as préféré ?

Je dirais celle de 1997, ma toute première j’avais quinze ans. Puis celle 2006, première année où j’étais le curateur d’une scène avec Justice, et toute l’équipe d’Ed Banger. Et enfin 2014 l’année où Nas est venu rejouer Illmatic 20 ans après. C’était également la première année où je faisais la programmation complète.

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