Les vendredi 6 et samedi 7 octobre, le Name Festival va faire son retour à Roubaix, avec une programmation hard techno et indie dance. Les organisateurs ont répondu à quelques questions pour l’occasion.
Bonjour l’équipe du Name ! Le festival a vu le jour en 2005, il y a presque 20 ans donc. Comment
vous est venue l’idée de lancer un festival de musiques électroniques à cette époque ?
On est issus des cultures underground des années 90 et on allait écouter l’électro dans les clubs en Belgique, à Londres, à Berlin, etc. Notre lieu de vie et de travail se situait à Roubaix dans un ancien entrepôt de tissu et on y organisait des énormes teufs en plus de nos activités artistiques à côté. A l’occasion de “Lille 2004 – Capitale Européenne de la Culture”, on nous a confié des propositions de nuit. Après quoi, on nous a demandé de réfléchir à un festival. Il y avait déjà les Nuits Sonores, Astropolis et Marsatac, il fallait une proposition dans le Nord.
Les soirées techno étaient à peine légales dans ces années-là, organisiez-vous déjà des événements avant
le festival ?
Les festivals étaient une nouvelle forme de diffusion pour les artistes et la musique électro. Nous avions déjà un parcours « d’organisateurs » et le festival s’est fait à notre image, presque comme une forme artistique, très esthétique et dans des lieux hors normes.
On s’est entourés de professionnels, on a invité des artistes féminines trop peu nombreuses à l’époque, on a laissé une place importante à l’artistique visuel. Et techniquement, il fallait que ça suive : trouver des ingé sons et lumière qui collaient au dancefloor. C’est bête à dire aujourd’hui, mais ce n’était pas si évident à l’époque de casser certains codes et habitudes professionnelles.
Et aussi lutter contre une certaine défiance, voire une très mauvaise image de l’électro pour le plus grand public.
Au début du millénaire, les musiques électroniques étaient encore “underground” et réservées à une
communauté précise. Aujourd’hui, c’est un des genres les plus populaires : que pensez-vous de cette
ouverture au grand public ?
Les artistes se sont professionnalisés, ont créé leurs propres canaux de diffusion, les labels etc… et ils ont surtout internationalisé leur carrière. Alors tant mieux !
Pour ce qui est du duel entre musique pointue versus musique commerciale, le débat est sans fin. C’est dans la logique que l’électro comme toutes les musiques suive ce chemin.
Les fondateurs du Name sont issus des raves et gardent toujours ces valeurs de partage, d’empathie, de
danse et de confiance inhérentes aux rassemblements de l’époque. Est-ce que, d’après vous, les événements techno
représentent toujours ces valeurs ?
Les événements, quels qu’ils soient, devraient toujours représenter ces valeurs. C’est le rôle de la culture. La pandémie aura eu cet effet positif de relancer des réflexions sur la fête, sur ce que doit être un festival aujourd’hui, demain, toujours plus inclusif, paritaire, solidaire et surtout en lien avec les questions environnementales essentielles. Une nouvelle génération est là pour nous le rappeler.
Depuis les débuts, l’artiste Ellen Allien est la marraine de l’événement. Comment cela s’est mis en place et
comment votre relation perdure à l’heure actuelle ?
Ellen est une très grande artiste et cette fidélité partagée sur long terme est un honneur. Quoi qu’il se passe, elle sera au Name à chaque édition. Elle, comme Jennifer Cardini, font partie intégrante de l’histoire du festival. C’est d’ailleurs très beau de les voir évoluer, parcourir le monde et sans cesse se renouveler.
D’ailleurs, la prog indie/dark disco de cette année doit beaucoup au travail mené par Jennifer sur l’émergence de nouveaux artistes.
La transmission et la pédagogie ont également l’air importantes pour votre équipe, avec des formations, des
masterclass et des rencontres lors du festival. Comment imaginez-vous les musiques électroniques de
demain ?
À priori toujours en recherche et en innovation ! La démocratisation des home-studio a bouleversé la musique en général et plus particulièrement la musique électro.
Le programme pédagogique du Name est essentiel, car c’est un festival de territoire. On l’a commencé dès 2007 avec une classe. Il a fallu convaincre, proposer des formations aux professeurs de musique. Aujourd’hui, pas loin de 700 élèves font leur rentrée au moment du festival ! Au programme : du makey makey, du yoga en musique, la découverte d’Ableton, de la construction d’objets sonores pour les plus petits, etc.
Et pour aller plus loin dans la réflexion sur certains sujets d’actualité, nous proposons chaque année des rencontres
radiophoniques avec Tsugi Radio.
Cette année, le festival se réinventera côté programmation, avec deux axes distincts qui se rejoindront : la
hard techno et l’indie dance. Pourquoi avoir choisi ces deux familles d’électro particulièrement ?
On a voulu repointer ce qu’était une prog, avec une intention, des parti-pris. On l’a voulu claire et lisible pour cette nouvelle édition.
Techno et hard techno sont très en vogue, sans doute une conséquence de l’époque et un besoin de catharsis. Pour la famille dark disco, on adore tout simplement. On y retrouve une certaine énergie qui faisait défaut ces derniers temps. Les artistes sont engagés, collaboratifs. C’est encore peu diffusé par ici, mais c’est le rôle de Name de porter cette nouvelle vague.
Les festivités se dérouleront d’ailleurs dans un spot atypique de Roubaix : La Condition Publique, qui est un
ancien espace de stockage textile. Comment allez-vous créer deux ambiances au sein du bâtiment ?
La Condition Publique est un lieu vraiment génial et qu’on connaît très bien ! L’usine est traversée par une rue couverte, avec deux salles de chaque côtés. L’une est une immense halle de béton, type “warehouse” idéale pour la scène hard techno. Et l’autre est plus cosy, plus « club » et elle sera dédiée à la scène dark disco.
Le VJ a également une place prédominante au festival depuis le départ. Que pensez-vous de l’évolution de la
place des VJ dans les événements d’aujourd’hui ?
La boss du Name, Fanny Bouyagui est une artiste plasticienne qui a amené très tôt le mix vidéo live dans ses installations multimédias. Il est donc logique que l’image fasse partie intégrante de l’esthétique générale du festival. Aujourd’hui, c’est vrai que c’est un art qui se perd. Certains artistes ultra pointus sont souvent considérés comme accessoire alors qu’ils ont leur propos à apporter aussi au dancefloor.
Merci d’avoir répondu à nos questions !
Pour plus d’informations, rendez-vous sur l’évènement Facebook ou la billetterie.
Article sponsorisé.