Avec 1 million de stream par jour et 10,2 millions d’auditeurs mensuels, Norma Jean Martine est l’artiste dont la voix nous adoucit forcément. C’est en janvier dernier que son EP Visiting Hours est sorti, chargé en émotions et en messages. Rencontre avec l’américaine qui a prêté sa voix pour l’un des plus gros ‘dance hits’ de 2020, Head Shoulder Knees and Toes, en collaboration avec Ofenbach et Quarterhead.
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EN : Commençons par la question du moment. Sur un plan artistique, quelles difficultés as-tu rencontrées en 2020 ? Comment as-tu réussi à tenir la cadence avec ton travail, les fans et l’industrie musicale ?
NJM : Au tout début de la pandémie, j’étais vraiment sous le choc. Je me suis mise à coudre des masques pour les hôpitaux, donc la musique n’était plus vraiment ma priorité. Je venais de signer un nouveau contrat avec une maison de disques en janvier, mais avec tout ce qu’il se passait, on a mis le projet en pause un moment. On a fini par sortir Basketball, et mon producteur Max Mostley et moi on s’est affairés à travailler sur les titres qui sortiraient plus tard. On a aussi tourné un clip pendant l’été dans lequel je danse, il fallait donc que j’apprenne la choré et tout ce qui va avec. Je n’ai pas vraiment recommencé à enregistrer jusqu’à octobre, où j’ai enfin pris mon courage à deux mains et appris à utiliser Logic pour pouvoir enregistrer par moi-même. Mes premières sessions sur Zoom étaient compliquées, non seulement parce que je n’étais plus habituée à écrire mais aussi parce qu’il fallait que je m’initie à le faire à distance.
Maintenant, je collabore quotidiennement avec des gens à travers le monde, et c’est top. Pour ce qui est des fans et de l’industrie, une grande porte s’est ouverte à moi cette année avec Head, Shoulder, Knees and Toes. Ma vie a pris un tournant. Je suis très reconnaissante que quelque chose d’aussi incroyable me soit arrivé cette année alors qu’on ne pouvait pas vraiment en dire autant du reste.
Tu es quelqu’un de très engagé : tu t’impliques notamment beaucoup pour le véganisme, l’accès à l’éducation pour tous, et le mouvement Black Lives Matter. Est-ce que tu essayes de véhiculer cet engagement à travers ta musique ?
C’est une chose à laquelle je pense régulièrement. En plus de poster des informations dès que possible pour sensibiliser et exprimer publiquement mes opinions, je me demande souvent “comment faire pour que cette passion se ressente dans ma musique ?” A vrai dire j’ai récemment écrit un titre qui s’appelle Love is The Future et qui est inspiré du mouvement de cet été [les manifestations BLM, ndlr]. L’année dernière, j’ai collaboré avec un artiste métisse sur une chanson à propos de son expérience. J’aimerais en faire davantage, et je me suis vite rendue compte que cela allait bien au-delà de la couleur de peau puisque j’ai aussi collaboré avec des artistes LGBT. Je les ai eux aussi accompagnés dans la vocalisation de leur expérience à travers la musique.
“Je pense que c’est ma capacité à prendre conscience de certains sujets mais aussi ma curiosité qui font de moi une personne de confiance lorsqu’il s’agit d’écrire à propos de telles émotions.”
Quand j’écris pour d’autres artistes, j’aime beaucoup avoir le rôle de l’oreille attentive, voire même la sténographe – ce sur quoi je plaisante souvent – qui pose les questions et qui écrit tout ce qu’elle entend afin d’accéder au cœur des émotions. L’écoute, c’est la clé, surtout quand il s’agit de sujets pareils. Sans écoute, il n’y a pas de compréhension ni d’empathie. J’aime aider les artistes à transformer leurs émotions et leurs expériences en chansons qui pourront être comprises par certains, ou qui pourront même en instruire d’autres sur certains sujets.
En ce qui concerne l’environnement, j’ai écrit American Beauty il y a quelques années et j’espère pouvoir la sortir bientôt. Il y a une centrale électrique à coté de chez moi, et c’est ça qui m’a inspirée. C’est une situation qui a évidemment été très compliquée pour ma famille puisqu’elle a ruiné mon enfance, et a rendu l’endroit invivable et dangereux. Quand le titre sortira, j’aimerais inclure un clip qui ferait office de documentaire sur la centrale, afin de sensibiliser les gens sur son impact néfaste et sur la corruption qui va avec.
C’est tout une aventure, et je ne suis qu’au début d’un nouveau chapitre, mais il est certain que c’est quelque chose que je souhaite exploiter davantage au fur et à mesure. Je considère ça comme un point important pour ma vie future.
Une autre manière pour moi de m’investir dans l’activisme dans un contexte musical, c’est de faire partie du programme de mentorat à but non lucratif “Girl & Repertoire”, une initative de Lauren Aquilina. Il permet d’aider les artistes et les écrivaines à se faire des connexions, acquérir de nouvelles connaissances et découvrir les opportunités que propose l’industrie. Personnellement, je suis mentor et c’est vraiment très agréable de pouvoir être le modèle dont j’avais besoin quand j’ai commencé. Quelqu’un peut me voir un peu comme sa grande sœur du milieu musical.
Tu as décrit Visiting Hours, ton nouvel EP, comme une manière d’accompagner les gens en deuil et de leur apporter du réconfort. La création de l’EP t’a donc aidé a évoluer en tant qu’artiste, qu’en est-il du plan personnel ?
La pratique de l’art, et ici de la musique, permet vraiment d’explorer son for intérieur. Je n’écris presque jamais de chansons qui ne sont pas autobiographiques, ce qui transforme un peu chaque création en séance de thérapie. Je travaille énormément sur moi-même quand j’écris.
Tu as collaboré avec de nombreux artistes, notamment Sia, et plus récemment Ofenbach et Quarterhead. Tu aurais une anecdote à nous raconter ?
Quand Sia m’a mentionnée sur twitter pour me dire que notre collaboration allait sortir, j’étais dans une bibliothèque de ma ville en train de consulter des vieux articles microfiches. J’ai eu la notif, et je me suis mise à pleurer dans la bibliothèque parce que ça me tenait énormément à cœur d’être reconnue comme parolière et artiste par quelqu’un que j’admire autant.
2020, ça n’a pas été facile. Tu pourrais nous citer 3 choses qui t’ont aidée à la traverser ?
Le yoga. La nature. La famille.
Merci @spotifyfrance for adding Head Shoulders Knees and Toes to Hits Du Moment ❤️?? pic.twitter.com/cWVKgedGzC
— Norma Jean Martine (@NJeanMartine) July 2, 2020
Merci beaucoup Norma d’avoir pris le temps de nous répondre, on a hâte d’entendre ce que tu nous réserves en 2021!
[ENGLISH VERSION] – We met with Norma Jean Martine, who recently collaborated with Ofenbach and Quarterheads on one of the biggest 2020 ‘dance hits’ : Head, Shoulder Knees and Toes. On spotify, Norma has more than 1 million daily streams and more than 10 millions monthly listeners. She recenlty released her new EP, Visiting Hours, an emotionally charged project she holds close to her heart. The ambitious singer agreed to tell us a bit more about her journey.
EN : Let’s start with a quite obvious question, to get it out of the way. On an artistic level, what were your main struggles in 2020? How did you manage to keep up with work, your fans and the industry?
NJM : When the pandemic first started I was really just in shock about everything. I started sewing masks for the hospitals, so music wasn’t really my priority at that time. I had just signed a new record deal in January but because of everything going on, it felt like the project was on hold for a while. We released Basketball eventually, and my producer Max Mostley and I worked on songs for the next release. We also filmed a music video in the summer. I’m dancing in it, so I was learning choreography and everything. I didn’t really start recording music again until October when I finally bit the bullet and learned to use logic and record myself. My first few zoom sessions where hard because I was out of practice as a writer, but also because I was just learning the zoom writing process in general. Now I just write pretty much every day with people all over the world. It’s been great. In terms of fans and the industry, a big door opened for me this year with Head, Shoulders Knees and Toes. It’s life changing. so I’m very grateful that something so wonderful happened for me this year, in a time where everything else wasn’t so great.
You are a very activist person : veganism, access to education, and the BLM movement are things you hold dear to your heart. Do you try to channel this commitment in any ways through your music?
This is something I think about often. Besides posting information and facts about it all the time to help spread awareness and making it very known publicly where I stand in my beliefs, I do often think, “How can I channel this passion through my music?” I actually recently wrote a song called “Love is the Future“, which was inspired by the movement and marching over the summer. Last year I worked with an artist on a song about his experience as a bi-racial man, and I feel that with an awareness and curiosity about these topics it means that I can be a safe person to explore these emotions with on the writing side for other artists. It’s something I’d really like to do more of, and I’ve found this goes beyond race, as I’ve also collaborated with artists who are from the LGBT community and have been a conduit for them in writing songs about their very specific experiences as well.
When writing for other artists I love to be the listener, or stenographer which I often joke about, who asks questions and just writes down every word they say to get to the heart of their emotion. I feel on these topics the key is listening to others’ experiences, because without listening, there will be no understanding or empathy. I love helping artists turn these emotions and experiences into songs that will resonate with others that have the same experience, but also to shed light on that experience for others who maybe have less of an understanding about it.
On environmentalism, I wrote a song a few years ago called American Beauty that I hope to release soon that was inspired by the power plant next to my house. That situation has obviously been extremely devastating for my family, as it’s ruined my childhood home and literally has made it unsafe to live there anymore. I’d love to release that song with a music video that’s sort of like a documentary about the plant to bring awareness to the impacts and corruption involved. It’s all a process and I’m really just at the beginning of a new chapter, but it’s certainly something I want to weave in more and more as I move forward, and I see it as very important for my future. Another way that I’ve gotten involved in activism via the music industry is through Lauren Aquilina’s “Girl & Repertoire” which is a networking and Mentorship non-profit to help up and coming artists and writers build connections, gain knowledge and discover opportunities in the industry. I’m currently a mentor in the program, and it feels really nice to be the role model I needed when I was just starting out, sort of a music biz big sister, to someone now.
You described Visiting Hours as a way to comfort people and help them go through loss and grief. Besides helping you grow as an artist, has the album-making journey helped you on a personal level ?
On a personal level it’s just amazing to explore the self through an artistic medium like music. I rarely write songs that aren’t auto biographical, so each session feels a little bit like therapy. I work out a lot about myself while I’m writing songs.
You’ve collaborated with many artists such as Sia, and more recently Ofenbach and Quarterhead. Do you have any funny or unexpected anecdotes to share about that ?
When SIA tweeted me about the release of our song, I was in my local library looking up old newspaper articles on microfiche. I got the notification and I cried in the library because it meant so much to me to be acknowledged by someone I look up to so much as a writer and an artist.
2020 has been a quite tough year, hasn’t it? Could you name three things that helped you to restore faith and hope ?
Yoga. Nature. Family.
Thank you Norma for taking the time to chat with us ! We’re looking forward to seeing what’s coming for you this year.