À l’occasion de son passage sur la scène principale des Plages Électroniques le 5 août dernier, la musicienne et productrice saoudienne Kayan a répondu à quelques unes de nos questions.
Bonjour Kayan, pourrais-tu nous dire qui tu es en quelques mots ?
Je suis une DJ, violoniste, et productrice originaire d’Arabie saoudite, basée à Riyad. Mon parcours musical allie une formation de violoniste en musique arabe, musique classique indienne et musique classique occidentale.
Tu as la particularité de mêler musique électronique et violon, comment as-tu commencé la musique au départ ?
Mon parcours musical a été marqué par l’exploration passionnée de différentes disciplines. J’ai débuté en découvrant le monde de la radio et ses logiciels. Ensuite, j’ai suivi une formation classique occidentale et orientale, ainsi qu’une formation exceptionnelle auprès de maîtres indiens en musique classique. J’ai également bénéficié des enseignements des meilleurs professeurs de la région arabe sur l’accordage et la composition.
Parallèlement, j’ai suivi des ateliers me permettant d’acquérir des connaissances sur l’ingénierie sonore. Aujourd’hui, je mêle toutes ces influences dans mes performances live.
Kayan, violoniste de formation
Il y a de plus en plus de mélange entre les différents styles de musique aujourd’hui, comment cela impacte-t-il la créativité d’un artiste selon toi ?
Il est parfois tentant pour un musicien de se cantonner à un genre spécifique. Pourtant, je constate que de plus en plus de musiciens cherchent à s’émanciper de cela. Des musiciens plus classiques parviennent à jouer dans des festivals, tandis que les sonorités électroniques trouvent une nouvelle place dans des événements plus solennels, aussi bien en Arabie saoudite qu’à l’étranger.
Cette évolution témoigne d’une ouverture et d’une diversification prometteuse dans le monde musical, permettant une expression artistique riche.
Tu vis à Riyad en Arabie Saoudite, où le nombre de DJs féminines se développe : peux-tu nous en dire plus sur cette évolution ?
Avec l’accès à l’éducation dans tout le royaume, les femmes ont maintenant la possibilité de découvrir leur talent musical et de maîtriser un instrument. La scène musicale saoudienne s’ouvre à de nouvelles perspectives, et j’espère voir davantage de femmes inspirées à participer à cette aventure. Je suis honorée de jouer un rôle en partageant ma passion pour la musique et en encourageant toutes les femmes à explorer leurs talents artistiques. Ensemble, nous pouvons créer une scène musicale florissante et inclusive, qui reflète la diversité de notre royaume.
Kayan sur la scène des Plages Électroniques
Tu es connue pour ton énergie en live et ta communion avec le public, est-ce que le partage et la musique ont un lien direct selon toi ?
La musique réunit les gens au-delà des différences. Elle agit comme un catalyseur, faisant bouger tout le monde d’un seul élan. Chaque genre musical a un effet unique sur les émotions et les mouvements de danse. La musique transcende les barrières et devient un langage universel qui connecte les cœurs et les âmes. En tant qu’artiste, j’ai le privilège de créer des expériences sonores qui touchent le public et j’en suis très reconnaissante. La musique est un don qui enrichit nos vies et nous unit.
Peux-tu nous présenter rapidement ton dernier EP “Crossover” ?
“Crossover”, sorti sur MDLBeast Records (WTR), est une fusion de synthétiseurs éthérés et de compositions de cordes mélodiques. Ces deux titres captivants, “Crossover” et “Amnesia”, offrent une odyssée sonore envoûtante, mêlant émotion humaine et musique électronique hypnotique. Il reflète mon désir d’explorer de nouvelles possibilités musicales.
Le 5 août , tu étais présente sur la scène principale du festival Les Plages Électroniques, qu’est-ce que cela te fait de jouer aux côtés d’artistes comme DJ Snake et Asdek ?
C’est avec une immense joie et une grande fierté que j’ai partagé la scène prestigieuse des Plages Électroniques aux côtés d’artistes talentueux, parmi lesquels certains sont mes véritables idoles, comme Tale of Us, Fideles, Sam Paganini ou encore Mind Against. Il y a aussi d’incroyables artistes français qui révolutionnent les normes de la musique électronique, c’est ce qui m’a particulièrement intéressé.
De nombreux artistes français ont également fait partie de la programmation, que penses-tu de la scène électro ici ?
En travaillant avec des artistes français, j’ai découvert leur passion pour l’innovation musicale. J’ai pu collaborer avec l’ambassade de France à Bahreïn et en Arabie Saoudite, créant des collaborations incroyables en musique électronique. La France apporte un soutien massif à la musique, et sa communauté est ouverte et soutient la diversité artistique.
As-tu d’autres projets à venir ?
Absolument !
Tout d’abord, j’aimerais lancer mon propre genre de musique saoudienne, “Dub Saudi”, qui fusionnerait des sonorités électroniques avec mon identité saoudienne. En parallèle, je travaille sur une performance audiovisuelle live qui combine mon passé dans les arts visuels avec ma passion pour la musique et le son. Une autre de mes aspirations est de réaliser davantage de spectacles en direct à l’échelle internationale, en intégrant plusieurs instruments. Actuellement, je suis plongée dans l’essence même de la musique saoudienne. C’est un défi passionnant qui me permet d’explorer les richesses de ma culture musicale tout en repoussant les frontières de l’innovation musicale. J’ai hâte de montrer comment la tradition et la modernité peuvent se mêler harmonieusement. J’espère que ces projets inspireront d’autres artistes à embrasser leur héritage musical tout en portant l’avenir de la musique électronique.
Merci d’avoir répondu à nos questions !
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