C’est un défi un peu fou que se sont lancés Nicolas Gaume et le Professeur Philippe Darriet : envoyer des plants de vigne et des bouteilles de vin de Bordeaux dans l’espace pendant un an. Le but étant de voir si cela a des conséquences sur le goût du vin.
12 bouteilles et 320 plants de vigne
En 2014, Nicolas Gaume a fondé la start-up “Space Cargo Unlimited” avec Emmanuel Etcheparre. Ils ont ensuite créé un partenariat avec le Centre national d’études spatial (CNES) puis avec l’Agence spatiale européenne et la NASA. Cela les a ainsi conduit à envoyer des plants de vigne et des bouteilles de vin dans l’espace il y a un an. En effet, en novembre 2019, douze bouteilles de vin ont été envoyées sur la Station spatiale internationale (ISS). En mars 2020, trois cent vingt plants de vigne ont suivi.
“Je dois dire que quand ils nous ont contactés pour qu’on les accompagne sur ce projet, on a trouvé cela hallucinant”, s’étonne le directeur de la section de recherche Œnologie à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin de l’université de Bordeaux.
Une dégustation prévue en février
L’expérience a pour but de tester le goût qu’a le vin après un an dans les mêmes conditions de conservation que sur Terre. Une comparaison avec des bouteilles du même vin resté sur Terre sera effectuée lors du retour de la cargaison. Quant aux sarments, l’intérêt de l’espace est d’ensuite les replanter sur Terre pour voir s’il y a des changements, notamment concernant la résistance au réchauffement climatique.
La précieuse cargaison est conservée dans des équipements spécialement conçus pour, aux alentours de 18° C, comme sur Terre. L’absence de gravité est intéressante car elle provoque généralement un “stress de la gravité” agissant sur ce qui est vivant. Or, le vin étant composé de levures et de bactéries, l’équipe s’interroge sur les modifications possiblement engendrées. Les colis ont amerri avant-hier au large des États-Unis.
“Si tout se passe bien les colis arriveront à la fin du mois de janvier à l’ISVV”, s’impatiente Nicolas Gaume. “On laissera reposer le vin qui a été beaucoup secoué, et nous organiserons une dégustation à la fin du mois de février avec Franck Dubourdieu, un expert œnologue reconnu”, ajoute-t-il.