Après avoir fêté dignement les 10 ans de Jungle Juice au Dock Eiffel en janvier dernier puis organisé la neuvième Animalz aux Docks Pullman en avril, Chwet était de retour au Palais de Tokyo. Pour cette nouvelle Jungle Juice, le Chwet crew a encore une fois frappé fort en amenant dans notre chère capitale le label n°1 mondial de drum & bass : RAM Records. La sélection des artistes contient aussi bien des têtes d’affiche comme Delta Heavy, DC Breaks b2b Loadstar (avec leur projet commun ”Opposition”) et Audio, que des artistes moins connus pour leur première en France : Sound In Noise et Chords.
Comme à notre habitude, nous nous sommes retrouvés entre junglists devant le Yoyo, certains avec leurs enceintes qui commencent déjà à cracher des basses, d’autres simplement là pour discuter des sets qu’ils attendent le plus (ou le moins), de la dernière fois qu’ils ont vu tel ou tel artiste,… Mais nous sommes tous unanimes : ce soir ça va être lourd !
Un début de soirée haut en couleurs
L’estonien Sound In Noise, a déjà commencé à mixer lorsque nous entrons. À notre surprise, l’énergie est au rendez-vous et le set nous semble déjà très énervé pour un début de soirée. Impossible de retenir nos jambes, tout comme le peu de personnes déjà présentes sur la piste de danse : ça skanke sans retenue ! On retiendra quelques tracks comme “Techno” de Dimension (qui, nous le savons déjà, remplacera le fameux “Oh My Gosh” comme hymne du moment), le magnifique remix de “Valley Of Shadows” par Chase & Status ou encore le violent “Powercube” de Malux. Ce premier set nous permet aussi de découvrir les visuels concoctés par The Hybrid Project, dont certains ont été spécialement créés pour le label RAM Records. Nous sommes déjà assez époustouflés par ce que nous voyons alors même que les lasers ne sont pas encore à leur maximum.
Après cette mise en jambes, Loadstar et DC Breaks, qui nous présentent leur projet commun “Opposition”, font leur entrée sur une track rap/trap que certains auront reconnue : “Rockstar” de Post Malone feat. Savage. La drum & bass fait rapidement son retour et c’est avec un enthousiasme apparent que ce b2b nous livre un set assez varié. On a pu notamment entendre “Never Stop” de DC Breaks, “Decompression” de Dimension ou encore des classiques tels que “Low Frequency” de Culture Shock et des tracks de Pendulum : leur remix de “Voodoo People” et “Tarentula”. S’ensuit un petit passage jump up marqué par des tracks de Macky Gee chantées en chœur par le public. Les junglists sont en forme ce soir et de nombreux pogos font leur apparition (pour le plaisir de certains, et le déplaisir d’autres). Les deux artistes ont su régaler par leur technique et leur choix de tracks (et leurs sourires). Nous avons retenu deux double drops qui nous ont laissés bouche bée “Hold Your Colors” de Pendulum / ”Gambino” remixé par InsideInfo, et le bootleg de “Fade” de Kanye West par Levela / ”Blow” de Upgrade. Le set se clôture après 1h30 par une track en exclu du projet Opposition dénommée “Arkanoïd”. Ça promet !
Il est 2h du matin quand Simon James, l’un des deux membres de Delta Heavy, commence son set. Au moment où le drop fatidique de “Bass Symptom” de Mr Frenkie se fait entendre, le public est pris de frénésie. Néanmoins, le set prend une vitesse moins effrénée avec un passage dubstep, (qui est un style que l’artiste maîtrise bien). Cela n’aura pas plu à tout le monde, quelques personnes s’écartent de la fosse. Niveau 175 bpm on aura noté le bootleg de “Faded” de Delta Heavy ou encore le passage douceur avec “Good Times Bad Times” de Camo & Krooked. Nous entendrons évidemment l’indétrônable VIP de “White Flag” ou encore “Ghost”, tracks mythiques du duo.
Nous avons honnêtement trouvé que ce set était sans trop de prises de risques. Chacun aura son moment favori, et nous, nous restons un peu sur notre faim.
À 3h30 c’est au tour d’Audio de faire son apparition. Souvent présent en Jungle Juice, on pensait savoir à peu près à quoi nous attendre avec lui. Ce set aura été au delà de ce qu’on espérait : 1h30 de neurofunk certes violente, mais tellement précise. Un set truffé de tracks qui ne sont pas encore sorties (de Killbox peut-être ? Le projet d’Audio et Ed Rush, avec une sortie prochaine d’album). Parmi celles que nous connaissons, nous noterons notamment “Hold Your Colors” remixée par Noisia ou encore la très lourde “Bound to Others” de Killbox. Audio, que l’on surnomme parfois le papa de la neurofunk, a littéralement retourné le Yoyo : on a pu voir trois moshpits formés en même temps dans la fosse, ou encore un vigile tenter de stopper un pogo survolté en vain…
Une fin en douceur
Il est 5h, nous sommes encore en forme pour cette dernière heure de Jungle Juice. C’est Chords qui clôturera la soirée. On ne savait pas à quoi s’attendre pour ce dernier set, surtout après le passage d’Audio, et connaissant les productions du jeune anglais qui sont parfois planantes, parfois assez sombres. La technique est bonne, les tracks comme “If This Is Love VIP” de DC Breaks (qu’on n’avait encore jamais pu entendre dans notre capitale), “Rock It” de Sub Focus ou encore “Have it All” de Culture Shock s’enchaînent parfaitement. Les amateurs de liquid ont su trouver le set parfait pour terminer cette soirée. Nous avons particulièrement été touchés en entendant les notes de “Together” de Logistics qui auront presque fini par nous mettre la larme à l’œil. Un set tout en émotions, pari réussi pour Chords.
Chwet et le Yoyo ont su prendre en compte certaines remarques faites par leur public : moins de queue partout, plus de fluidité. Seul bémol : la mezzanine fermée. Nous avons vite oublié ce détails tant nous avons été éblouis par les visuels. Il semblerait que ce point soit en train d’être de plus en plus développé en soirée bass sur Paris, et nous sommes à chaque événement encore plus surpris.
La soirée se termine, nous récupérons nos affaires et sortons direction l’extérieur du Palais de Tokyo. Encore sur notre petit nuage, nous prenons un bain de soleil tout comme d’autres junglists qui décident de rester un peu pour digérer ce qu’il vient de se passer. Nous attendons avec grande hâte la prochaine !