Rencontre avec deux figures de la drum and bass française, Asco et Zorel

par Hugo Audoyer

A l’occasion de la prochaine Get In Step, on a le plaisir de poser quelques questions à deux figures de la scène dnb française, le lyonnais Asco et le parisien Zorel. Messieurs, pouvez-vous nous faire un état des lieux de votre expérience personnelle en tant que dj et producteur ?

ZOREL : Pour commencer je ne suis pas vraiment parisien, même si beaucoup de monde s’attache à le dire. Je viens d’un petit bled proche de Clermont-Ferrand où j’ai commencé à bidouiller le son assez jeune. J’ai commencé à organiser des événements dès l’âge de 16 ans. Comme nombre d’entre nous, j’ai commencé par organiser des free party. À cette époque je faisais du « Live » comme disent les teufeurs. Je composais mes propres sons sur Fruity Loop que je venais jouer en teuf, notamment dans les miennes. C’est plus tard que m’est venue cette passion du mix, puis une fois tombé dedans, impossible d’en sortir. Ce qui est drôle c’est qu’Asco est un ami d’enfance, on vient de la même région, on était au collège ensemble, et c’est en envoyant innocemment un mail à Bass Music Magasine qui était tenu par Asco justement que nous nous sommes retrouvés. Je suis juste ravi d’inviter mon pote de toujours à partager les platines pendant une Get In Step.

ASCO : J’ai commencé le DJing par le scratch car l’univers du turntablism m’a toujours passionné. J’ai joué dans un groupe  d’Electro Dub (Iliane Sound System) quand j’habitais encore Clermont-Ferrand dans lequel je faisais des scratchs et des effets. C’était vers 2004 / 2005. Petit à petit j’ai commencé à mixer en public à la fin de nos concerts, je jouais de la Jungle. Ensuite j’ai emménagé à Lyon où j’ai commencé à rencontrer les différents crews, à jouer à droite à gauche et à m’engager activement dans l’organisation de soirée. Donc voilà je mixe depuis un peu plus de 10 ans et j’ai essayé de produire un peu mais je n’arrive jamais à finaliser les morceaux !

 

Asco, Bobby, Zorel, BRK, Xtronx et Dj Bluntsman

 

Chacun dans votre ville respective vous dirigez ou participez activement à la vie d’une association : Totaal Rez à Lyon et Get In Step à Paris. Depuis quand êtes-vous entré dans l’aventure ? Quelles sont vos attributions ? Quels sont vos projets futurs pour leur développement ?

ZOREL : Get In Step a vu le jour en 2011. Au départ on a lancé ce projet à 2 avec Lam-c (Nathan Sellam) puis au fil du temps Nathan s’est plus orienté sur ses projets musicaux et moi j’ai continué à fond sur l’orga d’événements. Thibaud a fait son entrée dans Get In Step à ce moment et je dois dire que depuis, c’est une affaire qui roule. Chacun son poste, lui à la communication et moi à la direction artistique et à la production. Mes futurs projets avec Get In Step … une évolution au niveau de la salle : passer sur plus grand et pouvoir ainsi développer à nouveau notre scénographie (qui a beaucoup évolué déjà ces derniers temps) mais aussi au niveau programmation. J’essaye vraiment d’être original et d’aller chercher des artistes intéressants et pas forcément la tête d’affiche ou le buzz du moment.  D’autres projets sont en cours, notamment sur le lancement d’une nouvelle soirée orienté Bass House. Affaire à suivre très prochainement !

ASCO : A force d’aller dans toutes les soirées Drum j’ai fini par rencontrer Salaryman qui habitait vers chez moi et qui organisait des soirées Drum & Bass avec l’asso Baka Style. J’ai commencé à filer des coups de main, puis j’ai intégré officiellement le crew de DJ. Ensuite Baka Style a en quelque sorte fusionné avec une autre asso Lyondon Connexion pour donner naissance à Totaal Rez en 2008. Je me suis dès le début occupé de pas mal d’éléments de communication : les newsletters, la diffusion des flyers, les spams sur MySpace (ahah)… Et je suis devenu salarié en tant que Chargé de Communication officiellement en 2011. Actuellement il y a beaucoup de travail avec la structure de par la diversité des styles et des projets qui se sont développés avec les années. On travaille beaucoup sur le développement de nos différentes « marques » : EZ! pour nos soirées Dubstep, BASS REFLEX pour nos soirées Drum & Bass, DUB ECHO pour le Dub et HIGH-LO qui rassemble nos concerts Rap. C’est d’ailleurs l’organisation de concerts qui nous occupe le plus actuellement et qui a le plus de perspective de développement pour notre structure.

 

Peut-on espérer un jour voir naître une collaboration entre vos deux associations ? Que ce soit dans l’organisation d’un nouvel événement, le booking, … ?

ZOREL : Nous sommes en contact permanent quoi qu’il arrive. Nous avons déjà parlé de ça avec Asco, étant amis d’enfance ça nous a forcément traversé l’esprit. L’idée nous plait, mais la réalisation est plus compliquée. Nos deux organisations sont déjà bien avancées dans le ‘game’ si je peux dire ainsi, c’est donc compliqué. À discuter en backstage avec une bouteille de vodka sur la table ahah.

ASCO : J’adorerais ! Au niveau du booking on a déjà échangé avec Zorel sur nos dates et les artistes qu’on faisait jouer pour essayer de trouver des double dates à certains artistes et partager les frais de transport par exemple mais c’est compliqué. Et au niveau de l’orga ce serait génial d’arriver à faire par exemple une collab EZ! x Get In Step à Clermont notre ville d’origine à tous les deux !

 

Asco et un autre acteur incontournable de la scène lyonnaise, SMôL

 

Le 6 janvier dernier, on aura eu l’occasion de vous voir jouer en B2B aux 10 ans des soirées Jungle Juice d’un autre asso parisienne, Chwet, accompagnés d’autres pépites nationales comme Xtronx, Bobby ou encore le marseillais BRK. Comment s’est passée la soirée ? Beaucoup de gens attendaient avec impatience votre B2B2B2B2B2B.

ZOREL : La soirée était tout simplement magique, un pur bonheur de jouer tous ensemble même si je dois bien l’avouer, j’appréhendais un peu ce B2B du futur. Au final on s’est tellement marré pendant et après le set ! Ce souvenir restera gravé dans ma mémoire pour toujours.

ASCO : Pour ma part j’ai trouvé ça génial, d’une part d’avoir l’honneur de jouer sur une Jungle Juice et d’autre part de faire ce back to back à 6, avec ces 5 autres acteurs français de la Drum & Bass que je respecte énormément. J’ai trouvé le processus très fluide et au bout de 2h j’avais pas du tout envie d’arrêter de jouer ahah.

 

Contrairement aux producteurs et djs, on a rarement l’occasion d’interviewer des promoteurs. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez régulièrement pour organiser des nouvelles éditions de vos soirées, booker des artistes, gérer votre fanbase, … ?

ZOREL : Le principal problème est de ne pas tomber dans la facilité, il faut savoir être innovant. J’attache beaucoup d’importance à la DA et passe vraiment beaucoup de temps à concevoir LE bon lineup, mais ça ne fait pas tout. Chez Get In Step nous essayons vraiment d’écouter le public, son avis compte énormément pour nous. On cherche à atteindre notre fan base sans les confronter à une avalanche d’informations ou de notifications pour parler de facebook. On essaye de donner le maximum à notre public et ce pas uniquement pendant une soirée mais aussi en leur délivrant des interviews d’artistes, des guets mixes ou encore en leur faisant des playlists à écouter chez soi. Bref on essaye d’être au petit soin.

ASCO : La première difficulté est d’arriver à booker les artistes qu’on souhaite car il y a des problèmes d’agenda entre les dispos des salles et des artistes, les cachets qu’ils demandent aussi parfois… Ensuite il y a le public qui à Lyon est assez difficile de faire sortir dans des soirées autres que Techno et Trance. On a une bonne base de public fidèle Dubstep qui vient nous voir tous les mois sur les EZ!, mais avec le public Drum & Bass c’est plus compliqué. On a dû arrêter les soirées D&B payante comme récemment les soirées BRAINBOT qu’on co-produisait avec l’association Vibes. Par contre les soirées BASS REFLEX sont gratuites et ne désemplissent pas !

 

Quel a été l’événement ou le moment le plus marquant de votre vie d’organisateur ?

ZOREL : Teknival de Revel en 2004, on avait installé le plus gros mur du Teknival !!

ASCO : Il y a pas mal de moments marquants, un qui m’a touché c’est lorsqu’on a monté le Rumble Festival en 2011, un festival dédié à la Bass Music. Lors de la 3ème édition du Rumble Festival on a fait Noisia et on a réussi à faire un Transbordeur complet avec près de 2000 personnes. C’était une grande satisfaction vis-à-vis de ce style de musique qu’on a toujours défendu et qui a toujours eu une image un peu négative. Bon l’année d’après le festival n’a pas marché et on a dû l’arrêter, ahahah.

 

On voit souvent apparaître par-ci par-là sur Internet vos mixs sortis à l’occasion de soirées ou pour d’autres associations ou organisations dnb. Qu’en est-il de la prod ? On sait par exemple qu’Asco a un passé dans le dub, quid de la dnb ?

ZOREL : C’est forcément une chose à laquelle j’ai pensé, mais je suis le genre de personne qui se consacre à fond sur quelque chose, et pour l’instant c’est l’organisation mais en aucun cas je ferme cette porte. Simplement pas le bon moment 😉

ASCO : Déjà merci pour ta question, grâce à laquelle j’ai appris que « quid » signifiait « qu’en est-il » ahahah. Sinon plus sérieusement j’ai toujours voulu composer des morceaux. J’ai commencé sur Reason il y a une dizaine d’année mais j’ai jamais réussi à franchir le cap de finir les morceaux pour les diffuser. Il doit y avoir un seul morceau sur Soundcloud et quelques autres sur un vieux MySpace 🙂 Mais je m’y remets comme ça de temps en temps et je perds pas espoir de produire un truc écoutable un jour, et pas forcément seulement en Drum.

 

Asco, Xtronx et Bobby

FAST Q/A !!!

 

Votre “guilty pleasure” musical hors dnb ?

ZOREL : Bon je devais bien le dire un jour, j’étais un gros fan de hard tekno, en même temps ça va avec mon passé de free parteux. Sinon j’écoute beaucoup de musique à la maison, mais pas tant de drum&bass ahah. J’aime bien tout ce qui est planant, genre de la pop electro avec une voix féminine dessus. ‘Sylvan Esso – Play it right’ par exemple.

ASCO : “Je t’aimais, je t’aime, je t’aimerai” de Francis Cabrel, ce gros punchliner, avec des phases comme “Seule la lumière pourrait, défaire nos repères secrets”, ce genre de bails. Ahahah.

                                                                                              

Le premier CD/Vinyl que vous ayez acheté ?

ZOREL : Premier CD Rancid je crois ou Lofofora plutôt, enfin ce genre de truc, du punk ou de la fusion, ce que j’écoutais à l’époque. Premier vinyl, sans doute un vinyl de hard tek, je dirais un Vinka de chez Patétik.

ASCO : La première musique que j’ai acheté c’était encore l’époque des cassettes audio. Pow Wow en 1992 et Last Action Hero en 1993 (la B.O. du film avec Anthrax, Megadeth, AC/DC…)
Sinon mes premiers CDs (achetés tous les 3 le même jour, en 1994) :
Cindy Lauper – “Twelve Deadly Cyns…and Then Some”

The Cranberries – “No Need to Argue”

Queens – “Greatest Hits II”

 

Le track tout genre confondu que vous auriez rêvé de produire ?

ZOREL : La danse des canards

ASCO : N’importe quelle track de l’album « Out From Out Where » d’Amon Tobin ou mieux tout l’album (oui rien que ça, ahah). Tous les morceaux sont tellement géniaux et l’album forme un tout tellement unique, il m’a retourné.

 

Votre meilleur track pour finir un DJ Set ?

ZOREL : Mulder – Gettin Blunted

ASCO : Quelque chose d’un peu enlevé et planant, avec des voix qui portent un peu, qui fait redescendre la pression et qui donne aux gens envie de se faire des bisous. En ce moment j’aime bien finir avec « Have You » de TC.

 

Merci d’avoir répondu à nos questions les gars. On a très très hâte de voir ce que vos carrières de djs et d’organisateurs donneront dans les années à suivre ! On rappelle à nos lecteurs que la Get In Step arrive bientôt !

 

La billetterie : https://tinyurl.com/yd52r35x

 

 

 

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